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Robert

Ambelain

Né à Paris, le 2 septembre 1907, mort à Paris, le 27 mai 1997, Croix de combattant (1939/1945), Chevalier des Arts et des Lettres, Grand Maître Mondial de Memphis-Misraïm (de 1960 à 1985) dont il donna la succession à Gérard Kloppel, remarquable enseignant et explorateur dans les domaines religieux, gnostiques, ésotériques et initiatiques, Robert Ambelain a marqué le 20e siècle de l’occultisme par ses écrits sur la connaissance de la spiri­tualité.

Sa famille catholique, mais non pratiquante, ne l’a en rien prépa­ré à cette vocation et dès 16 ans, il entre à la compagnie Five Lille pour être dessinateur industriel au Service des Ponts.

Doué d’une curiosité insatiable, il fréquente les bibliothèques Nationale et de l’Arsenal, découvre Fulcanelli et oriente ses re­cherches vers Martinez de Pasqually et le Martinéziste qui, sous le nom de Rite des Elus-Coëns, n’est autre qu’une branche très ortho­doxe de la véritable Franc-Maçonnerie (Traité de la Réintégration des Etres de Martinez de Pasqually).

Possédant une mémoire prodigieuse, il se passionne également pour l’astrologie, dont entre 29 et 31 ans, il publiera quatre volumes :

  • Éléments d’astrologie judiciaire : les étoiles fixes, les comètes et les éclipses (1936)

  • Traité d’astrologie ésotérique tome I (les cycles)

  • Traité d’astrologie ésotérique tome II (l’onomancie)

  • Éléments d’astrologie scientifique (Lilith, second satellite de la terre) (1938)

  • Traité d’astrologie ésotérique tome III (l’astrologie lunaire) (1942)

Mais il se passionne également pour toutes les méthodes d’in­vestigation spirituelle des arts divinatoires :

  • La géomancie magique

  • La talismanie pratique

  • Les tarots

  • Les visions et les rêves

  • Le dragon d’or

  • Le cristal magique

  • La géomancie chinoise

Durant toutes ces années et dès les années 1930, il collabore à un hebdomadaire dirigé par Maryse Choisy avec d’autres auteurs connus tels que Maurice Magre, Fernand Divoire, Vernes etc… Il fait des conférences une fois par semaine au Collège International d’Occultisme Traditionnel, rue de Washington, dirigé par Madame Bordy, avec d’autres qui marqueront leur époque tel Jules Bou­cher. C’est en ce lieu (il pensait qu’il n’y avait pas de hasard, il était farouchement déterministe) qu’il fait la connaissance du Grand Maître Constant Chevillon, du milieu martiniste et de Memphis Misraïm où l’on s’occupait de symbolisme et d’ésotérisme.

Le 24 mars 1939, parrainé par le Grand Maître Chevillon, dans le Temple de la Porte d’Orléans, il est reçu Apprenti maçon au Rite de Memphis-Misraïm au sein de la Loge « la Jérusalem des vallées égyptiennes ». C’est à cette même époque que paraît Dans l’Ombre des Cathédrales : une étude sur l’ésotérisme et le symbolisme ar­chitectural et décoratif de Notre Dame de Paris.

Or, cet ouvrage sera le creuset alchimique de toute son œuvre, et le parcours initiatique et littéraire de sa longue vie s’y lit déjà… la table des matières prémonitoire du praticien de l’occultisme qu’il sera par la suite.

En 1939, mobilisé, il part pour la forêt lorraine. Fait prisonnier, il sera reçu Compagnon et Maître au cours d’une tenue clandestine au camp d’Épinal (Lagrèze validera ensuite cette initiation).

En septembre 1940, il est libéré. Tous les ponts du nord de la France ont été dynamités pour retarder l’ennemi : il doit revenir travailler au Service des Ponts de la compagnie Five Lille en liberté surveillée avec obligation de se présenter régulièrement à la police allemande. Compte tenu de l’occupation nazie, Robert Ambelain, qui avait par ailleurs été initié en 1939 Associé Martiniste par Hen­ri Meslin, est chargé par les hauts dignitaires de Memphis-Misraim, du Rite Écossais Ancien et Accepté et du Rite Écossais Rectifié de maintenir le Rite, entré dans la clandestinité. Constant Chevillon, réfugié à Lyon, sera d’ailleurs exécuté par la milice en 1944.

La résistance maçonnique s’organise… Avec l’aide de son épouse, il déménage sa bibliothèque dans une charrette à bras. La Loge « Alexandrie d’Égypte » tiendra ses assises deux fois par mois à son domicile. Durant quatre années, les membres de la Loge osèrent venir participer aux tenues malgré les risques encourus. Il transmet également aux Martinistes de la clandestinité toutes les initiations reçues. Depuis 1939, il est Martiniste et devient Supé­rieur Inconnu Initiateur en décembre 1940, sous le nomen d’Auri­fer. Sous l’occupation, il est admis dans l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers qu’il contribue, avec Lagrèze, à reconstituer, allant jusqu’au grade de Réau Croix. Il en recevra la succession en avril 1945 à la mort de Lagrèze.

Compte tenu de la période de guerre, il faudra attendre 1946 pour voir publier Le Martinisme. En 1945, peut-être influencé par son hérédité bretonne par sa mère, anglaise par son grand-père paternel, s’évade t-il un peu vers le celtisme avec Au pied des menhirs en 1945 et en 1981 Les traditions celtiques où il émet l’hypothèse que le pythagorisme ne serait qu’un rameau de l’initiation druidique.

Reçu dans les plus hauts grades de Memphis-Misraim, dont il devient le Grand Maître Mondial pour tous les degrés, et considé­rant que le grand public ne connait la Franc-Maçonnerie que par ses adversaires, il publie en 1965 La Scala Philosophorum ou la symbolique des outils dans l’Art Royal, dédiée au Très Illustre Frère Constant Chevillon. Alors véritable éveilleur, il n’aura de cesse de léguer « à ceux qu’il supposait s’en montrer dignes » toutes les initiations reçues concernant la Maçonnerie ou le Marti­nisme.

Jusqu’en 1964, il étudiera souvent tard dans la nuit l’ésotérisme, la gnose chrétienne et sa relation avec la kabbale, dont il nous dit qu’elle est la voie initiatique et traditionnelle de l’Occident chrétien et reposant sur la tradition ésotérique judéo-chrétienne. Il écrit La Kabbale Pratique en 1951, puis La Notion Gnostique du Démiurge en 1959 où il entend étudier et développer les aspects mal connus des anciennes gnoses, concernant l’existence d’un ouvrier du monde que « l’on ne supposait ne relever que des doctrines platoniciennes ou stoïciennes».

Quand paraîtront, beaucoup plus tard,

  • Jésus ou le Mortel Secret des Templiers (1970)

  • La Vie Secrète de Saint Paul (1971)

  • Les lourds secrets de Golgotha (1974)

  • Les secrets d’Israël (1995)

La plupart de ceux qui l’avaient suivi ne s’expliqueront pas le reniement de la gnose chrétienne auquel il a consacré tant de temps… Il a en effet constitué en 1954 l’Église Gnostique Aposto­lique, dont il fut Patriarche sous le nom de Jean III. Pourtant déjà, en 1941, dans Adam Dieu rouge il s’interrogeait sur :

« La part de la légende en l’absence de documents sérieux. La foi qui du point de vue de l’historien ou de l’homme de science est un cercle vicieux infranchissable. Les dogmes judéo-chrétiens qui ne sont qu’une succession de légendes et de mythes. »

On doit mettre à part, à cette époque, ses études sur les doc­trines rosicruciennes, dont il a reçu l’initiation particulière dite de la « Rose-Croix d’Orient » par Georges Lagrèze en 1945. Dans Templiers et Rose+Croix en 1955, il évoque la survivance de l’Ordre du Temple à travers les Rose+Croix, il publie l’Abbé Julio, sa vie, son œuvre, sa doctrine en 1962 et avec le Sacramentaire du Rose+Croix en 1964, il donne :

« la clef secrète des prières ésotériques avec tout le rituel permettant de les mettre en action. »

Enfin, il indique, dans son Alchimie spirituelle : tech­nique de la voie intérieure qu’il s’agit d’une « discipline mys­tique, occulte, savante et venant des Rose+Croix et permettant à ceux qui n’auront pas la chance d’aborder le domaine des initiations de travailler isolément à leur propre réconciliation (réintégration individuelle) » (1961).

Auparavant, en 1957, se servant d’un manuscrit de la biblio­thèque de l’Arsenal, il fait publier La Magie sacrée ou livre d’Abramelin le mage d’après le manuscrit de l’Arsenal, rituel magique composé au XIVe siècle à Zagreb par un juif très au courant de l’angéologie et de la démonologie chrétiennes. Il l’expé­rimentera lui-même et il en fait mention dans Templier et Rose+Croix (sous le nom d’Aurifer).

A partir des années 1970, il cesse de s’intéresser à la gnose et s’essaie à un roman historique : Bérénice ou le sortilège de Beryle (1976).

Il continue toutefois d’écrire sur les sciences occultes et paraî­tront alors :

  • Le cristal magique ou la magie de Jehan Tri-thème (1962)

  • Le vampirisme de la légende au réel (1977)

  • Symbolisme et rituel de la chasse à courre (1981)

  • La géomancie arabe (1984)

  • La géomancie chinoise (1991)

Il reste fidèle néanmoins à ses premières amours avec :

  • L’Astrologie des Interrogations (1984)

  • Le Pal Nameh ou Livre des Sorts (1985)

  • Koré la Dixième Planète (1991)

  • Retour à Samarkande (1992)

  • Retour à Alexandrie (1994)

« Convaincu que l’histoire n’est jamais définitivement circonscrite et que les préjugés sont souvent plus tenaces que les faits », il s’insurge contre « l’histoire officielle et les légendes entretenues », dit-il « parfois � dessein d’intérêts fort matériels. »

Historien contestataire, il signera :

  • Crimes et secrets d’Etats (1785/1830) (1980)

  • Drames et secrets de l’Histoire (1306/1643) (1981)

  • La chapelle des Damnés (1650/1703) (1983)

  • Capet lève toi (1987)

  • Le secret de Bonaparte (1989)

  • Les Arcanes Noirs de l’Hitlérisme (1848/1945) (1990)

Comment présenter en quelques pages cet auteur qui fut mon père ? Comment résumer en quelques lignes un homme au carac­tère si affirmé et si complexe ? …

Sans doute dans sa quête incessante de l’invisible a-t-il cherché à réaliser son rêve enfantin d’explorateur de la planète. Avec Cérémonies et rituels de la maçonnerie symbo­lique (1957), La Franc-Maçonnerie oubliée en 1985 et Franc-Maçonnerie d’autrefois en 1988, il restera dans le souvenir de ses amis celui d’un grand maçon à la vaste culture, farouche défenseur de la tradition maçonnique, de ses rituels et de ses symboles.

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Par Liliane AMBELAIN-DOUGUET

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Extrait de : Le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm – Du fantasme à la réalité
Michel Gaudart de Soulages, Versailles, Editions Agastya, 2010, p. 65-71.

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