Du triomphe hermétique
par PP
De quelques principes inaliénables du Rite de Memphis-Misraïm en particulier et de l'Art Royal en général.
Constatons : en ce début de la deuxième décennie du XXI° siècle, les pratiquants du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm se trouvaient en ordre très dispersé, soit regroupés dans diverses Obédiences de petite taille parfois bien organisées, car provenant de l'éclatement de celle naguère dirigée par Robert Ambelain puis Gérard Kloppel, soit atomisés dans des microstructures sans références historique et initiatique valables, parfois même pilotées par des aigrefins de l'initiatique en mal de reconnaissance.
En ordre dispersé par défaut d'Ordre, au sens le plus traditionnel du terme.
En errance parfois, par absence de Hiérarchie au sens strictement initiatique du mot.
En déshérence quelquefois, par incompréhension des critères de recrutement et d'instruction des Apprentis.
En chute spirituelle globalement, par cumul des facteurs précédents.
Cet état de fait démontre que l'on confond la lampe et la lumière qu'elle répand, et cela ne conduit-il pas dans ce cas à un retour à de simples croyances, ou à se réfugier dans toute autre formule sécurisante de sociabilité ou de confort mental. Comment, dans ces conditions, verser la liqueur d'une connaissance libératrice dans une coupe déjà pleine ?
Heureusement, cette situation catastrophique est en voie de résolution du fait de l'action discrète et efficace du XIIème Grand Hiérophante Michel GA...ES, qui consiste à vouloir rassembler ce qui est épars, comme il doit en être fait du grand corps visible d'Osiris.
Le Rite de Memphis-Misraïm a depuis ses origines complexes présenté la particularité de synthétiser des traditions initiatiques maçonniques et des courants occultes. Il se trouve tout à la fois au coeur et en marge (' fringe Masonry" disent les Anglais) de la Franc-Maçonnerie classique, continentale ou dite régulière. Au coeur, parce que l'épine dorsale de l'Écossisme s'y retrouve, et que d'autres degrés y rappellent divers systèmes occidentaux ; mais en marge parce que, dès ses origines, son promoteur primitif fut condamné pour hérésie et magie (cf. le procès de Cagliostro par le Saint Office), et parce qu'ensuite, le rite fut taxé d'occultisme (cf. les attaques rationalistes virulentes du FT Louis Amiable, du Grand Orient de France, à la fin du XIXème siècle, contre le "symbolisme" défendu par le FT Oswald Wirth).
En cette situation inconfortable, car dévoilant des significations cachées et parfois perçues comme gênantes, réside en fait une position puissante sur le plan des possibilités initiatiques. Là est serré le noeud gordien de la Franc Maçonnerie, ce qui tient tout ensemble, en dépit de la cécité, naturelle ou calculée, de ceux qui se refusent, ou refusent à d'autres, la liberté de conquérir leur propre libération spirituelle à travers et au delà du triple étagement (symbolique, philosophique et hermétique opératif) que développe le Rite Égyptien.
Encore s'avère-t-il nécessaire que soient réunies des conditions précises pour sa mise en oeuvre.
Ces conditions procèdent de deux pré requis : d'une part la lisibilité ésotérique du Rite, c'est à dire la cohérence textuelle et symbolique du système entier, permettant son explicitation et son exploitation par chaque initié, et d'autre part l'irrigation spirituelle par une hiérarchie visible et invisible, qui rend seule possible la manifestation d'un courant de retour conscient et systématisé vers " le point central où tout est un".
Ces deux principes supposent l'existence d'une Tradition vivante, détentrice des corpus, des arcanes particuliers, et du souffle immatériel qui émane de l'Unité via des Centres traditionnels et y ramène.
Cette Tradition, dans sa complétude, demeure l'apanage des Grands Hiérophantes, restant ininterrompue jusqu'à l'actuel détenteur, le Très Sublime Frère Michel Gaudart de Soulages, xirian Grand Hiérophante en titre, de facto et de jure, seul héritier direct des deux précédents, Robert Ambelain et Gérard Kioppel.
Toutes les conditions sont donc maintenant réunies et proclamées pour que s'infléchisse dans sa globalité le devenir du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, dans le sens d'une restauration de son rayonnement spirituel, dans la mesure où la direction ésotérique du Rite est réunifiée et où les administrations obédientielles sont désormais fonctionnellement séparées d'elle.
Dans cette vue des choses, examinons maintenant quelques éléments classiques de l'initiation maçonnique à la lumière des rituels de Memphis-Misraïm.
Commençons au plus simple, en apparence : les trois voyages de l'apprenti, par exemple, dont il est couramment répété qu'ils correspondent aux épreuves des éléments. Le quatrième n'y figurant pas, il est parfois imaginé, pour compléter leur nombre, que le passage dans le cabinet de réflexion représente l'épreuve de la Terre.
L'initiation maçonnique.
En revanche, le Rituel d'Apprenti de Memphis-Misraïm exprime clairement ce dont il s'agit : sous la représentation du voyage post mortem dans les mondes de l'au-delà, l'impétrant est guidé dans une montée dans les plans succédant immédiatement au monde terrestre jusqu'à atteindre le troisième et dernier, l'Empyrée ou monde du Feu céleste et monde de l'Esprit.
On est donc bien éloigné de la seule idée de purification par quatre épreuves subies dans le monde élémentaire. Il s'agit, bien plutôt, de la mise en scène et en acte d'une rupture avec le monde matériel et sensoriel coutumier, préparée et soulignée par le séjour dans un sombre réduit, une caverne, symbole de l'intériorisation et de la séparation du monde profane.
Dans cette " caverne " l'impétrant va découvrir, assortis de maximes et d'avertissements, les principes fondamentaux de son être total, auxquels il n'avait pas un accès conscient durant sa vie profane.
Ces composantes lui sont montrées, dans le cabinet de réflexion, sous forme de matières particulières (sel, soufre, mercure, crâne, la flamme d'une bougie...), qui renvoient directement à l'analyse hermétique de l'entité humaine mais aussi de toute structure matérielle, apparemment inerte ou visiblement vivante, sans oublier la correspondance avec les "étagements " des mondes subtils qu'il va explorer pendant les voyages de sa réception, le sens principal de la vue physique lui étant interdit par le bandeau.
Ceci ne peut lui être montré, et très clairement, dès l'entrée dans le cabinet de réflexion, que parce que le profane s'est déjà aventuré hors de la vie ordinaire, ce qu'il exprime par son désir d'initiation et sa volonté de connaissance, que, si tel est son Destin, il traduira et transformera en puissance d'évolution.
Ces considérations autour de ce que démontre et fait vivre l'initiation au Rite de Memphis-Misraïm, reposent une double question : celle du sens et de la raison ultime de ces rituels, et donc celle des conditions d'initiabilité des profanes dans un Rite "Ég)ptien" .
De la sorte, il apparaît déjà aisément que le sens profond de la dynamique des trois degrés bleus ne se manifeste, et cela au départ même du parcours, qu'à la condition expresse de la mise en oeuvre des intentions véritables de l'Ordre et de leur claire disposition hermétique. Se contenter de ne mentionner que trois "purifications par les éléments", même si cela n'est pas erroné, fausse la perspective de l'ensemble par son insuffisance et oriente, ou plutôt désoriente, vers des chemins de traverse, faisant perdre un temps précieux.
Si toute initiation a pour condition première d'opérer une rupture avec le monde ordinaire, encore est-il nécessaire que celle-ci ne reste pas sans fruit, c'est à dire qu'elle s'accompagne d'une entrée dans un autre type de conscience, dans une restauration du monde sacré pour le nouvel initié, instaurant pour un temps une dualité de conscience, autre signe que la Separatio est en oeuvre.
Plus exactement, si le système initiatique est conforme à ses buts et l'initiable prêt, la rupture ainsi provoquée, ou accentuée, va ouvrir un champ de conscience qui révélera ou manifestera l'envers du monde connu, le champ du sacré qui, émergeant dans le contexte d'un cadre traditionnel, sera reconnu comme le signe, la présence, d'une force transpersonnelle, universelle.
Lors de l'initiation, cette dernière est objectivement manifestée par le flamboiement rapide de l'étoile à l'Orient, dévoilant la nature et l'origine de la Lumière qu'il a reçue dans son double aspect, comme but et comme voie, puissance de l'Esprit et sel alchimique, telle l'étoile des Mages.
La véritable nature du travail de l'Apprenti peut dès lors être saisie : dans son mutisme, qui lui signifie le silence intérieur, il doit suivre le fi à plomb qui le mène dans les profondeurs de son être, mais il ne le fera avec profit qu'à la condition d'avoir compris le sens et la correspondance métaphysique des voyages, c'est à dire l'organisation de son être intime, sa hiérarchie intérieure, sous gouvernement de l'Esprit dont l'origine et le rayonnement lui ont été montrés. Il devra en rechercher la présence et l'expérience pour pouvoir un jour accéder au Règne de l'Esprit, qui seul lui donnera les moyens et la puissance de tout transformer, de séparer réellement le subtil de l'épais, comme l'initiation lui en a montré la première phase.
En termes hermétiques, dans une première perspective intérieure, il doit accomplir la Separatio dans sa réalité, phase qui était amorcée au sortir du cabinet de réflexion, puis complétée par l'enseignement des voyages, qui est la mise en évidence de sa triple nature, corps, âme, esprit, et la mise à disposition des trois principes (Sel, Soufre, Mercure).
Pratiquement, le nouvel initié doit accomplir son inventaire interne, utiliser son premier miroir magique, le miroir de l'Aine, qui ne brillera d'une efficacité initiatique que sous la Lumière de l'Esprit, ultime réalité de sa conscience, car comme le précise le rituel :" c'est par sa conscience que l'homme est relié au Divin".
Nous retrouvons là les conditions d'initiabilité que nous évoquions plus haut : seul celui qui, entrant en Franc-Maçonnerie, comme dans toute initiation, ne cherche pas à troquer des certitudes ou des adhésions à des formes ou à des rites formels, contre une autre adhésion qui ne serait qu'une artificielle sécurité du mental et en vérité une paresse de l'âme, peut, en démontrant l'audace de son désir de vérité et de libération des formes, s'emparer de l'opportunité extraordinaire que représentent une rupture avec le monde profane et un remodelage de sa personnalité par le souffle sacré de la Tradition.
Toute fascination par la beauté et la puissance du rituel est à la fois ouverture vers l'invisible qu'il invoque et son contraire, nouveau risque d'enlisement et de stagnation dans une forme-pensée nouvelle, mystérieuse et souvent captivante.
L'initié doit en faire l'expérience et, de la sorte, acquérir la conviction qu'au moment où il a franchi pour la première fois la porte du Temple, n'étant ni nu ni vêtu, n'étant plus ni profane ordinaire ni encore initié, avançant à l'aveuglette dans une région inconnue, il a traversé, au moins potentiellement, le miroir de ses propres illusions sur sa personnalité propre.
Cette première porte, ce premier miroir, n'étant pas aisée à traverser car difficile à déceler, même si elle est repérée, son franchissement demeure délicat et parfois même rebutant à opérer. Elle offre pourtant l'occasion rythmiquement exacte de s'affranchir de la barrière mentale et émotionnelle, par la cessation du bavardage en soi-même, du dialogue intérieur, l'opportunité de saisir enfin que "Je est un autre", comme le proclama Arthur Rimbaud. Ces scories ne deviendront perceptibles que sous la double action du silence intérieur et de la première manifestation du Sacré, de source rituelle, et donc extérieure.
Que dire alors de la difficulté des phases suivantes, où le deuxième degré va requérir la subtilisation des forces, le véritable travail sur les quatre éléments sous la lumière bien repérée du cinquième, l'Esprit Universel, qui garantit la rectitude des opérations, la mise en ordre équilibrée des puissances des quatre Orients.
Il devient dès lors possible de "coaguler" les puissances élémentaires, car, rendues à leur véritable essence sous la puissance foudroyante de la quintessence de l'axe central, elles révèlent des propriétés qui confèrent au vrai Compagnon des capacités ésotériques spécifiques. Celles-ci lui permettront d'effectuer des "voyages", et pas seulement en recevant enfin l'autorisation de visiter d'autres Loges ou Obédiences pour y apporter le salut fraternel de leur atelier, comme d'aucuns le croient.
Celui qui atteint ce stade se retrouve enfin face à l'ultime porte, la fameuse porte d'ivoire sans serrure du Rite Égyptien, représentée sur le mur d'Orient, derrière la chaire du Roi Salomon.
Celui-là postule de fait à la maîtrise véritable. Face à ce puissant symbole, qui lui oppose la densité et la fermeture de la matière, il va affronter non pas seulement la mort, mais la suprême épreuve du tombeau, d'où, dans la vérité de l'Initiation, on ne se relève pas en chair et en os ! Il est parvenu face au dernier miroir, apparence dernière, celui qui sépare le monde manifesté et remis en ordre visible et invisible, de la suprême Réalité au delà de l'Orient, où pour pénétrer il doit abandonner toute forme. Dans ce troisième degré, la dissolution des corps de forme ou Putrefactio lui donne accès à une maîtrise spirituelle véritable, que l'on peut qualifier de libération, et qui permet l'accès à des régions spirituelles supérieures.
Les Rites maçonniques, au premier chef les trois degrés bleus, plus spécifiquement encore les Rites de Memphis-Misraïm, condensent dans leur apparente brièveté la totalité de la voie hermétique pour qui sait les lire et les animer en lui-même.
Les deux portes d'Occident et d'Orient sont métaphoriquement les deux miroirs magiques de l'âme dans ses deux états d'évolution, grossier et subtil. Cette évolution est guidée, du début à la fin, de l'entrée dans la représentation symbolique de l'univers, qui est la première sortie du monde des apparences, jusqu'à l'affranchissement définitif des formes, par la présence de l'Esprit.
La différence radicale entre exotérisme et ésotérisme, déterminante parce qu'opérative, réside en ce que cette mise en lumière, cette ouverture de la conscience, ne sont pas le fruit d'un hasard, mais le résultat de procédures particulières connues de temps immémorial comme rites initiatiques, plaçant en contact direct les impétrants avec la Hiérarchie des Puissances Primordiales.
Par la reconnaissance intime que l'Ordre Cosmologique primordial est entièrement représenté par les Rites et la disposition de la Loge, la conscience des Archétypes vivants peut s'éveiller, qui va conduire l'Initié dans sa remontée progressive de l'Axis Mundi, dont une des expressions visibles est l'axe du Temple, depuis le Parvis, jusqu'à la Porte d'Occident et à la Porte d'Orient.
Dans la totalité de leur développement, les rituels et degrés du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm présentent à celui dont le désir et la volonté sont aiguisés, le même triple étagement (symbolique, philosophique, et hermétique) que l'on retrouve dans la triple constitution de l'homme (corps, âme, esprit), dans les trois plans de l'Invisible, dans les trois principes de toute nature (sel, soufre, mercure). Ce triple étagement fonctionne comme des poupées gigognes, développant dans chaque étage la totalité du système sous des modalités symboliques et opératives différentes, chaque fois plus puissantes et plus subtiles.
Remarquons d'ailleurs que si les trois degrés bleus constituent une épure parfaite, un résumé des phases de l'ceuvre hermétique dans sa globalité, qui peut être lue sans spécification univoque d'alchimie métallique ou spirituelle, leur insertion à l'amorce d'un Rite à dominante écossaise jusqu'au 33ème degré permet une autre interprétation, plus spécifiquement alchimique et non contradictoire avec la première.
En effet, dans la seconde interprétation, la sortie de l'impétrant du cabinet de réflexion devra être comprise comme l'extraction du minerai de sa gangue, le let degré, avec la réception de la lumière et l'étoile flamboyante, correspondant à l'introduction du sel sur le minerai, le 3ème degré, par exemple, représentera la Putrefactio ou mortification de la matière, le 4ème degré, avec son nouvel et très léger apport de sel alchimique conduira à la verdeur ou végétation du Sème degré, puis la concaténation des phases fera parvenir à la Rubificatio du 18ème degré où la Pierre au Rouge est réalisée avec tout son potentiel. Les degrés suivants, du 19ème au 30ème, s'appliqueront à l'intériorisation du travail, à l'utilisation hermétique de la Pierre des Sages, jusqu'à la montée vers le plan divin, et, du 31ème au 33ème degrés, l'action s'accomplit au plan céleste, d'où l'Adepte peut agir sur le monde terrestre. Cette voie alchimique est, rappeIons-le, typiquement une des voies principales des Rose+ Croix, celle du Loup Gris ou Sanglier Noir.
Ces phases de travail étant comprises, il sera désormais possible aux adeptes de pratiquer avec fruit les ultimes transmissions arcaniques du Rite Égyptien, sur lesquelles tant d'encre a inutilement coulé, alors que les secrets en sont principalement oraux. Celles-ci mèneront l'adepte fortuné au seuil de l'immortalité consciente.
De même, dans une troisième perspective, rarement évoquée, peut-on observer que l'organisation du Temple maçonnique et l'ouverture de la Loge au Rite Égyptien, mettent clairement en scène, dans un esprit gnostique, l'émanation originelle des mondes visibles et invisibles : avant l'entrée en Loge, le FT Expert, seul dans le Temple, faisant face à l'Orient, invoque la force du Sublime Architecte des Mondes et la fixe sur la Lumière Permanente ou Primordiale.
A l'ouverture du rituel, le Vénérable Maître en chaire, siégeant à l'Orient, c'est à dire dans le monde de l'Empyrée, accomplit, tel un Démiurge, deux actions principales. Il descend dans le carré long, l'arpente, la flamme à la main, et allume la triple lumière issue du Feu Primordial, manifestant dans l'univers émané le triple aspect du Point Central (figuré à l'Orient au centre du Delta), sous l'invocation de Neterou égyptiens, cependant que l'Expert monte à l'Orient, l'épée dressée, gardant l'entrée du Ciel Supérieur, tel les Kérubim à l'épée flamboyante gardant la porte de l'Éden.
Le Vénérable Maître crée ainsi les " eaux primordiales", donnant forme au plasma auquel il donnera animation lorsqu'étant remonté à l'Orient, il va ouvrir la Loge en faisant retentir la batterie de sons structurants qui, se propageant dans ce plasma lumineux, vont l'organiser en mondes manifestés (manvantara dans la tradition indienne). Il est aidé en cela par le travail des Officiers, spécialement des deux Surveillants, qui répètent en écho la batterie et les phrases rituelles d'ouverture, tout comme le Grand Architecte est " lui-mime assisté d'autres ouvriers". Analogiquement, la fermeture de la Loge avec l'extinction des luminaires et la triple circumambulation inverse, opère un retour au silence et à l'unité primordiaux, tout comme lors d'un pralqya ou résorption cosmique.
Cette opération est analogue à ce qui est écrit dans le Prologue de l'Évangile de Jean de Patmos, ou aux premiers versets de la Genèse, qui soulignent tous deux l'existence d'une Matière Primordiale, sa séparation ou différenciation cosmologique et son animation par un Esprit ou un Verbe. Il incombera donc à l'initié de rechercher en lui-même de quelle manière opérer la même transformation.
Il peut en être ainsi parce que la Loge, dans la totalité de son implantation, depuis le Parvis jusqu'à la Porte d'Orient, est une représentation cosmologique où les hypostases et le fonctionnement caché de l'Univers sont représentés. Elle se présente également comme une projection axiale, de l'Occident à l'Orient, de l'archétype de la triple enceinte. Cette projection est donc celle de l'Axis Mundi rabattu sur le plan.
Les rituels d'ouverture et de fermeture du premier degré démontrent, de façon synthétique, l'opération atemporelle qui manifeste la sacralité et l'envers du monde visible dans un périmètre particulier (templum), tandis que les cérémonies d'initiation dans les degrés successifs exposent la méthode de remontée de la chaîne de manifestation, la manière de passer du matériel au spirituel, du visible à l'invisible, à l'universel.
Celui qui se donnera la peine de méditer sur la source et l'opération du son et de la lumière cosmiques y trouvera un champ d'application et d'expérience sur de nombreux plans. Mais nous arrêterons là ce développement, car nous avons déjà beaucoup dit.
Nous soulignerons, pour conclure, que la même Force Unique, issue du "Point Central où tout est Un", parcourt l'Égrégore traditionnel et antique du Rite, dont la présence et la perdurance sont garanties par la succession ininterrompue des détenteurs du courant spirituel qui lui confère sa Vie, et, comme le dit le rituel, procurent ainsi, " à toute lumière l'aliment qui lui est propre".