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De l’or réel au spectre de la dette virtuelle

Une fois n'est pas coutume, voici une réflexion à teneur sociétale. Après tout, les Maçons sont les bâtisseurs du monde de demain et le principe alchimique touche également le paradigme sur lequel se développe notre civilisation.

Mon professeur d'économie m'enseignait il y a quarante ans que la richesse d’une nation reposait sur une réalité tangible : l’or. Chaque pays mettait en circulation une quantité de monnaie strictement équivalente à ses réserves d’or. Ce principe fondamental assurait une stabilité et une transparence économique, ancrées dans la matérialité d’un trésor national visible et quantifiable.

Les Templiers, visionnaires économiques du Moyen Âge, ont bouleversé les systèmes financiers de leur époque en introduisant le principe révolutionnaire de la lettre de change, ancêtre du chèque moderne. Cette innovation permettait de sécuriser les transactions en éliminant les risques liés au transport physique d’or ou d’argent.

Mais ce n’est pas seulement leur innovation technique qui les distingue : c’est leur éthique économique. Contrairement aux banques modernes, les Templiers prêtaient sans intérêt, animés par une conviction profonde que la richesse devait provenir du travail réel et non d’une spéculation stérile. Dans leur vision, l’argent représentait le carburant permettant de potentialiser l'esprit d'entreprise afin d'optimiser les conditions de vie des individus et de la société, mais ne peut pas être considéré comme une finalité. Leur philosophie s'opposait de manière drastique aux usuriers sans morale et sans foi.

Ce système équitable favorisait une prospérité partagée et une circulation saine des richesses, sans engendrer les déséquilibres monstrueux qui caractérisent l’économie contemporaine.

L’abandon progressif de l’étalon-or au XXème siècle a marqué un tournant radical. En dissociant la monnaie de toute référence matérielle, les nations ont ouvert la porte à une création monétaire ex nihilo, c’est-à-dire à partir de rien. La monnaie a cessé d’être un reflet fidèle des réserves nationales pour devenir une abstraction, manipulée par des intérêts financiers privés.

Cette transformation, initialement justifiée par des raisons pratiques, a basculé dans une dérive inquiétante : celle de la spéculation et de l’endettement systémique. L’argent, désormais dématérialisé, a permis des mécanismes de création monétaire illimitée, où les banques prêtent des fonds qu’elles ne possèdent pas, tout en exigeant des garanties exorbitantes de la part des emprunteurs.

En France, un événement clé a marqué l’entrée dans cette ère de dépendance financière : la loi de 1973, également surnommée « loi Giscard-Pompidou », qui a retiré à la Banque de France le pouvoir de financer directement l’État. Jusqu’alors, la monnaie nationale était créée et gérée par une institution publique, au service de l’intérêt général.

Avec cette loi, la gestion de la monnaie a été transférée aux banques privées, qui ont imposé leur logique mercantile. Dès lors, chaque Franc puis chaque Euro mis en circulation résulte d’un prêt consenti par une banque privée, assorti d’intérêts. Cela signifie que pour financer ses projets, l’État est contraint d’emprunter auprès de ces institutions, accumulant une dette colossale, souvent qualifiée de “dette odieuse”, car elle ne repose sur aucune réalité tangible.

La dette nationale, concept pratiquement inexistant sous l’étalon-or, est devenue un fardeau omniprésent pour les pays occidentaux. Par un étrange paradoxe, ce qui n’existe pas – l’argent créé ex nihilo – est devenu la cause première des souffrances bien réelles des populations.

Chaque année, des milliards d’euros sont ponctionnés sur les budgets publics pour rembourser les intérêts de cette dette, au détriment des investissements dans la santé, l’éducation ou les infrastructures. La richesse créée par le travail des citoyens est détournée pour alimenter une machine financière spéculative, sans jamais réduire significativement le poids de la dette elle-même.

En regardant en arrière, on ne peut s’empêcher de méditer sur la sagesse économique des Templiers. Leur système, fondé sur l’éthique, la transparence et le refus de l’usure, offrait un modèle durable et humain. Ils comprenaient que l’argent, lorsqu’il devient une fin en soi, détruit les sociétés qu’il prétend servir.

À l’inverse, le système actuel, basé sur la création fictive de richesses, engendre des déséquilibres monstrueux. La financiarisation de l’économie a déconnecté la monnaie de la réalité, remplaçant le travail et la production par des jeux d’écritures virtuelles. Quand dans une société, la spéculation financière produit davantage de richesses que le travail réel, on peut dire sans se tromper que celle-ci est condamnée à moyen terme.

Pour sortir de cette impasse, il est essentiel de réexaminer nos principes économiques à la lumière de cette histoire. Peut-être devrions-nous nous inspirer des idéaux templiers, en repensant notre rapport à la monnaie et en rétablissant des systèmes qui privilégient le travail réel et le bien commun.

Comme le disait John Maynard Keynes : « Celui qui contrôle la monnaie d’une nation contrôle cette nation. »

Le logiciel économico-politique qui régit les nations occidentales repose sur ce principe diabolique.

Il est temps de reprendre le contrôle, de redonner à l’argent sa juste place d’outil au service des hommes, et non l’inverse.

Ci-dessous le lien internet présentant le compteur en temps réel de la dette française : https://www.dettepublique.fr


Francis Stuck




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